Le journal de bord
Les Loustics aux Bahamas du Sud
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31 mai : Bahamas nous voilà !
Une ‘baguette française’ (c’est vrai que ça y ressemble un peu), pains au chocolat, et à 8h00 nous quittons notre mouillage de Grace Baie sur Turks and Caicos. Navigation tranquille : vent ¾ arrière. Nous progressons rapidement sous code D dans 16 à 20 kts de vent. Les enfants travaillent tranquillement.
A 15h30, nous voilà aux Bahamas, dernière escale tropicale de notre tour de l’Atlantique. Nous avons 3 semaines pour la découverte de l’archipel : 700 îles dont seulement 20 sont habitées toute l’année. Le nom de l’archipel est dérivé de l’espagnol « baja mar » (mer basse)… pas de risque de marche en terrain escarpé pour les enfants, le point culminant est à 63 mètres! Nous avons prévu d’arriver à Mayaguana, la première île à l’est. Dans les années 50, l’armée américaine y avait installé une base de lancement de missiles et l’île comptait 2000 habitants. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 300 à vivre sur cet îlot au milieu de nulle part.
L’étape formalité ne se passe pas comme prévu : le fonctionnaire veut voir « toute la famille » et annonce que « le bureau va fermer : vous n’avez qu’à faire les formalités sur la prochaine île car demain c’est ‘labor day’, tout est fermé puis c’est le we». Nous trouvons par contre un super magasin de téléphone… vraiment étonnant dans ce village quasi désert : génial, nous aurons accès au 3G.
2 jours à Abraham’s Bay sur Mayaguana
Nous décidons de rester à Mayaguana et d’attendre l’ouverture des « customs » lundi. Nous sommes probablement trop prudents, mais nous voulons avoir ces formalités clôturées et pouvoir naviguer tranquillement sans se soucier de trouver un autre bureau. En attendant, opération nettoyage sur Loustic (plus spécifiquement les vêtements des enfants dont certains ne sentent vraiment pas bon). Cours et puis kite dans cette grande baie, les conditions sont light mais ça permet de faire quelques bords.
Promenade dans le settlement : une boutique, une petite plaine de jeu, pas mal de maisons abandonnées.
Le soir, c’est « cinéma » en plein air, hot-dog/pop-corn près du ponton : nous ne manquons pas l’occasion de nous mêler aux locaux même si nous abandonnons rapidement le visionnage du film (« the black panter ») pas vraiment intéressant….
Les enfants se font offrir leur hot-dog par ‘Collee’ (le point de contact privilégié des bateaux de passage), c’est la gentillesse bahamienne ! Au retour sur Loustic, nous observons les étoiles sous un ciel d’une limpidité exceptionnelle.
Nous apprenons également que dans l’après-midi du lendemain, un agent sera présent pour les formalités : et le samedi, en 30 minutes c’est fait.
Plus de raison de rester là. Un plouf de fin de journée dans cette piscine naturelle exceptionnelle et nous sommes prêts au départ.
J+338 : la pétole
Après presque 9 mois de vent continu, voilà un anticyclone et avec lui la chute du vent. Il nous faudra nous aider des moteurs pendant quelques heures pour rejoindre le Nord des Acklins Island. Sans vent, la vitesse du bateau n’est que de 5 kts et on étouffe de chaleur sous le cagnard: nous transpirons à grosses gouttes. En chemin, nous passons entre les plana cays qui ne sont que des langues de sable plantées au milieu de la mer.
Nous arrivons à la tombée du soleil dans la jolie baie de Attwood Harbour bordée d’une grande plage de sable blanc, avec son rocher en forme de champignon à l’entrée.
C’est par contre le grand retour des petites bêtes qui volent et qui piquent 🙁 nous obligeant à ressortir les moustiquaires et manger à l’intérieur. Les piqûres nous feront mal pendant plusieurs jours (et plusieurs nuits…).
Le 04 juin : une journée avec Noonsun
Dans la petite anse, il y a un autre catamaran au mouillage : Noonsun, avec à bord une très chouette famille d’américains d’origine européenne et Portoricaine (Alex, David et leurs 4 enfants Gabriel, Isabel et les jumelles Evelyn et Elisabeth). Ils sont normalement partis pour 5 ans depuis quelques mois mais des soucis de santé de la grand-mère les obligent à faire demi-tour rapidement et nous ne les reverrons probablement plus.
Nous passons une bonne partie de la journée ensemble : jeux et papote sur la plage puis ‘happy-hour’ sur leur bateau, un cata de 50 pied d’un chantier sud-africain super équipé. Il fait 33 T (comparé au 9T de Loustic), ça nous parait vraiment énorme.
Les couchers de soleil offrent régulièrement une lumière magnifique
J+340 : en route pour Crooked Island
Après 1 petit snorkeling pour Fred
et jeux sur la plage (on joue souvent au beach tennis histoire de maintenir le niveau ;-)), direction l’île juste à l’ouest des Atckins : Crooked Island. Nous rencontrons d’abord quelques orages qui nous apportent un peu d’air, puis c’est vent quasi nul (on a vu un 0,2 kts).
Les enfants poursuivent consciencieusement leurs cours avec la traditionnelle heure de vidéo après le repas. Nous passons tout près du phare de Bird Rock, planté sur un îlot et impressionnant de stature.
C’est là que, contre toute attente, nous attrapons notre premier poisson : un baracuda.
Malheureusement, ça ne se mange pas par ici (ils sont porteurs de la « cigutera ») et les fonds remontent dangereusement. Nous laissons donc notre prise pendre au bout de son fil pendant la manœuvre d’approche, le temps qu’elle s’échappe dans un dernier soubresaut. En fin de journée, nous ancrons à quelques pas de Landrail Point le long d’une longue plage de sable blanc bordée de maisons.
Le 6 juin : Landrail Point
Ce matin, 3 gros bateaux nous ont rejoint au mouillage. Il s’agit d’un groupe de touristes canadiens, partis comme nous de Mayaguana et qui ‘nous suivent’ depuis : nous sommes 7 navires au total…surprenant. C’est en fait la saison de la très confidentielle et très select pêche au « Bone fish » sur ces grandes étendues d’eau sablonneuses et peu profondes. C’est une pêche à la mouche sportive de catch and release (le bone fish est très difficile à préparer et ils ne le mangent donc pas !).
Nous partons ‘visiter’ le settlement. L’arrivée est étonnante : le port a été creusé dans la roche. L’ouragan Joaquim est passé par ici en 2015, inondant 75% des habitations et le village en porte encore les stigmates : la pompe à essence est désaffectée, des maisons sont abandonnées.
Par contre, les maisons habitées sont pimpantes et l’épicerie plutôt bien achalandée (nous y sommes même conduits en voiture par la patronne du resto).
L’après-midi, après le passage d’un gros orage, les filles restent sur le bateau et les garçons partent pour une séance de snorkeling,
puis ski nautique (et oui, l’annexe arrive même à tracter papa!)
Fred termine par un tour en paddle et balade sur la plage jusqu’à la piste d’aviation au bout de l’île (et oui, il faut bien que les riches canadiens et américains puissent venir dans leur résidence).
Le soir, nous allons au resto ‘le Gibson’s’ aux spécialités locales dont l’incontournable « mac’n’cheese » (gratin de macaroni), riz aux haricots et salade de haricots verts (dévorée par Juliette).
Le tout terminé par un gâteau au chocolat dont les enfants nous parlent encore. Nous sommes à table avec 2 couples de pêcheurs de bone fish, et les habitants étant ‘Seven days adventist church’, il n’y a ni vin ni bière au resto : seulement des sodas, mais on peut amener sa bouteille… si on avait su 😉
Le 07 juin : French Wells et un gros orage.
Nous déplaçons Loustic de 9 MN sous voile (le vent ressouffle légèrement). Premier mouillage dans la passe entre Goat Cay et Crooked. Le sondeur indique des profondeurs de 1,3 m mais ça passe. On décide néanmoins de se déplacer car en cas de pépin, pas évident de ressortir rapidement et facilement. Second mouillage pris en face de la grande plage de sable blanc à une encablure de là. De gros nuages se sont amoncelés au loin, mais nous partons néanmoins pour une balade naturaliste : exploration du bras de mangrove repéré sur la carte.
Les eaux sont transparentes et on se prend rapidement pour des explorateurs : on y voit un baracuda, une raie et des hérons. Violette, qui a les yeux rivés sur le fond à l’avant, prétend même voir un requin nourrice.
Retour au bateau juste au début d’un gros orage (des éclairs tombent deci-delà) : les enfants, loin d’être impressionnés, décident de prendre une douche à l’extérieur.
Ce n’est qu’en fin d’après-midi, la pluie passée, que nous nous rendons sur cette plage déserte, sauvage à souhait.
Nous sommes tout de même survolés par un hélicoptère de l’US Coast Guard : les Bahamas sont sur la coupe des US en ce qui concerne la protection de leurs frontières.
On y fait un feu au coucher du soleil accompagné d’un apéro-chips : moment magique !
Clarence town
Ce vendredi est placé sous le retour du soleil et d’un alizé modéré (15 kts) : navigation idéale donc jusque Clarence Town sous code D, on fait même des pancakes pour le petit déjeuner en navigation :-).
Téo en profite pour terminer son Azimut (français terminé :-)). Violette, quant à elle, termine à une vitesse supersonique, ses fiches de lecture de 2ème . A 15h30, nous sommes à la Marina Flying Fish pour refaire le plein de diesel et d’essence (il parait que c’est un des meilleurs endroits des Bahamas).
Nous ancrons sous le vent de Strachan Cay pour quelques heures. A la tombée de la nuit, nous nous déplaçons de 300 mètres vers des fonds plus profonds et grand bien nous en a pris : le marnage est important et nous voyons maintenant clairement des rochers sortir de l’eau.
Le lendemain, opération courses dans le settlement.
La grocery est réduite à sa plus simple expression mais nous y trouvons néanmoins du pain et des oeufs. Le village est à nouveau un mixte de maisons à l’abandon et d’autres toutes proprettes. Par contre ici, 2 églises toutes blanches sur les hauteurs (une anglicane et une catholique) : ça donne du charme au paysage.
Au détour de notre balade, nous tombons sur une cérémonie des cadets de l’armée : salut militaire, hymne national, arrivée des officiels.
Au retour, petit verre et plongeon pour les enfants dans la piscine de la marina.
L’après-midi, c’est kite (et oui, le vent est de retour) et plage dans des eaux toutes calmes (sans oublier le traditionnel ramassage des plastiques par Fred).
Le soir, nous accueillons Lou et Baptiste de BeeBop pour un apéro, 2 jeunes sur un ketch de 1968 sur la route de retour vers la France après 3 ans de charter dans l’archipel de San Blas qui est semble-t-il un paradis sur terre. Longtemps qu’on avait pas ouvert une bouteille de rosé !
J+345 Rum Cay et fête des papas !
Rum Cay est une petite île à l’est de long Island. Nous avons décidé d’aller y passer la journée et une nuit. 17 à 20 kts de vent de travers : il nous faut 5 heures pour parcourir les 40 miles et ancrer dans ‘Flamingo Bay’ juste à l’entrée de la passe, car le reste de la baie est couverte de patates. L’eau est turquoise. Nous sommes bien entendu seuls. Nous hésitons à y rester car à notre arrivée ça souffle encore pas mal et le mouillage est un peu rouleur, mais les prévisions météo étant bonnes, nous décidons de rester. Séance de snorkeling ‘musclée’ sur le nord du reef pour Fred, Nancy et Téo : il y a une houle de 80 cm mais la vue sous l’eau est extraordinaire, le paysage de coraux est incroyable (de magnifiques Elkorn, de gorgones, et de poissons à profusion).
Nous retournons pour une seconde séance avec les filles tout prêt du bateau, elles sont vraiment à l’aise maintenant.
Fin de journée sur la très longue plage : jeux dans l’eau, balade, châteaux de sable, ramassage des coquillages. Le sable est doux ‘comme le pelage du nounours de Violette’ nous dit Juliette.
Nous sommes par contre de nouveau impressionnés et choqués par la quantité de déchets plastiques en tout genre : bouteilles, casiers de pêches, sandales, brosses à dent, dentifrice, bidons en tout genre, bouchons,…la liste est longue, beaucoup trop longue. Geste probablement dérisoire, nous en regroupons quelques-uns en un grand tas déjà commencé par nos prédécesseurs.
Retour à Long Island
L’Alizé est modéré ce matin et le soleil voilé par des nuages d’altitude. Vers 12h00, nous sommes à Calabash Bay juste au nord ouest de Long Island. Petite séance de snorkeling pour les garçons. L’après-midi, nous partons faire le tour de Galliot Cay en annexe via un bras de mangrove.
Notre expédition est quelque peu compliquée car les fonds sont remontés fortement, nous obligeant à ramer.
Suite à quoi, l’attache de la rame lâche et Fred devra tirer l’annexe dans 50 cm d’eau (heureusement sur 500m seulement). Arrivés près de Seymours (le settlement où nous avons prévu de nous rendre), les fonds remontent et nous pouvons poursuivre au moteur, mais un nouvel obstacle se présente à nous : un petite pont en dessous duquel le courant est très fort. Nous le passons en nous agrippant au tablier du pont, pendant que Téo pousse le moteur, ouf on y est…. Petite aventure donc mais qui se termine bien. Fin de journée ‘classique’ : plage et châteaux de sable.
Demain, nous partons vers les Exhumas, chapelet d’îles et d’îlots semble-t-il magnifiques, où la navigation se fera en sauts de puces jusqu’à Nassau…à suivre…